Impact de l’environnement social sur la « personnalité » des souris

Au sein d’une même espèce, tous les animaux possèdent des caractéristiques de comportement qui leur sont propres. Certains individus sont plus agressifs que d’autre ou prennent plus de risque. On parle d’individualité. Les mécanismes sous-tendant ces différences individuelles sont mal connus.

Des chercheurs de l’IBPS1 et de l’Institut de la Longévité ont montré que l’environnement social des souris est un déterminant important du répertoire comportemental d’un individu et qu’il module le niveau d’activité de populations de neurones2. Pour parvenir à cette conclusion, ils ont développé un environnement complexe où des souris vivent en groupe tout en effectuant des tests cognitifs isolés de leurs congénères. Ces expériences ont permis de mettre en évidence l’émergence de traits distinctifs stables dans un groupe d’individus génétiquement identiques, et cela malgré un environnement unique pour tous les animaux. Lorsque des individus au profil identique sont sélectionnés et regroupés dans un même environnement, des divergences dans les comportements et dans les activités neuronales réapparaissent.

Ces résultats suggèrent que, loin d’être figé, ce qui définit un individu est modifié par la structure sociale dans laquelle les animaux évoluent. Les interactions sociales sont donc un facteur important d’adaptation des traits individuels et un moteur permettant de générer de la diversité.

Prochaine étape : le contexte social, en agissant sur les circuits nerveux impliqués dans les prises de décision, pourrait également avoir un impact sur les vulnérabilités de chaque individu à des pathologies telles que l’addiction.

Ces résultats ont été publiés dans Nature Communication en août 2018 et ont fait l’objet d’un communiqué de presse du CNRS et de l’Inserm.

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Retombées presse : Science et Avenir

Equipe Neurophysiologie et Comportement de l'Unité Neuroscience (UMR 8246) et l'équipe Développement, Réparation et Vieillissement Cérébral de l'Unité Adaptation Biologique et Vieillissement (UMR 8256)

2 Torquet, N., Marti, F., Campart, C., Tolu, S., Nguyen, C., Oberto, V., Benallaoua, M., Naudé, J., Didienne, S., Debray, N., et al. (2018). Social interactions impact on the dopaminergic system and drive individuality. Nat. Commun. doi:10.1038/s41467-018-05526-5.